Manager comme … un chef de guerre ?
(dux bellorum comme on dit en latin)
Réflexions sur le management d’équipe à partir de la série Kaamelott

Article 2 sur 2
Première partie ici
Clef n°4 : une équipe a aussi besoin d’authenticité
A plusieurs reprises dans la série reviennent les questions des marionnettes, des pantins, de la cour, du pouvoir et de la politique de façade. Et en miroir de cela, Alexandre Astier nous présente un univers humain et naturel, respectant la vie avec ses hauts et ses bas. C’est grâce à cette authenticité que les liens entre les membres de l’équipe se créent et se nourrissent. Dans la série, on notera la récurrence des thèmes tels que la solitude et le groupe, la patience et la colère, le succès et l’échec, ou encore l’humour et la mélancolie. Il est également beaucoup question de sentiments, d’émotions et d’histoires d’amour avec des coups de foudre, des ruptures, des réconciliations. Et puis de manière plus globale il faut bien voir que la série entière a été façonnée selon son auteur et son univers. En conséquence, on ne compte plus les références au cinéma : Starwars, Stargate, De Funès, Monty Python, Audiard, Astérix et tous les titres d’épisodes qui correspondent à des titres de films américains ou français. Le succès de la série tient aussi probablement à ce côté naturel de l’intrigue, qui permet à chacun de se projeter.
Axe de réflexion : quels sont mes sujets de conversation à la pause et au déjeuner ?
Clef n°5 : un brin d’humour ne fait jamais de mal
De manière générale l’humour permet de rester en bonne santé, sert à prendre du recul et permet de créer une bonne ambiance. Véritable outil de détente, d’inclusion, de partage, de confiance, de tolérance, de compassion, et même d’amour, l’humour sert à mieux vivre ensemble. Dans le cas de la série nous sommes clairement dans le registre de la parodie. Le cocktail choisi est détonnant : univers moyenâgeux avec des dialogues très modernes, situations surnaturelles voire même absurdes, humour grinçant rempli d’ironie, écriture percutante, anachronismes et décalages en cascade. On peut ici évoquer les jeux de Perceval, le maitre d’armes et ses graines, les apparitions de la dame du lac, Karadoc et son rapport à la nourriture, les tours de Merlin, les répliques du Tavernier ou de Venec, les échanges avec le roi Burgonde, le personnage du Purgateur, des chevaliers qui agissent peu et passent beaucoup de temps à parler ou encore les gags sur l’apprentissage de la lecture. L’humour est utilisé pour traiter des sujets sérieux de façon décalée comme la guerre, la religion, le mariage, la condition des femmes, la dépression, etc. Et puis c’est aussi le ressort utilisé par Alexandre Astier pour rendre attachants ses personnages. Ainsi l’humour devient la question du lien entre les gens. C’est une belle façon d’entrer en contact avec l’autre, d’apprendre, de dédramatiser nos peurs et de se sentir mieux.
Axe de réflexion : quel type d’humour je pratique au quotidien (positif / négatif ; envers moi / envers les autres) ?
Clef n°6 : une équipe doit se développer
Le sixième enseignement qui me semble important est une vision de l’être humain comme ayant un potentiel à développer. En effet, on voit évoluer l’ensemble des personnages au fil des années. Et même si on ne nait pas chevalier ou chef de guerre, on peut le devenir. Toutes les énergies des épisodes sont tournées vers la curiosité, la soif de connaitre, de découvrir, de progresser. Par exemple, il est fréquemment question d’écrits, de manuscrits, de manuels, de salles de classes et beaucoup de répliques opposent ceux qui ne savent pas et ceux qui savent. Expliquer et transmettre son savoir aux autres semble être le fil conducteur de la série. Apprendre semble être le point commun entre tous les personnages. Apprendre à décoder une carte, à jouer à des jeux de société, à compter, à déchiffrer un code, à chanter, à conter, à faire de la musique, à lire, à utiliser la magie ou les lois, à faire du théâtre, à se battre, à manier une épée, à exercer le pouvoir. Il est finalement intéressant de noter que toutes les saisons de la série s’appellent des livres.
Axe de réflexion : comment est-ce que je construis le développement des compétences ?
Nous venons de poser quelques réflexions sur notre style de management, notre façon de communiquer et d’accompagner à travers les questions de l’organisation des différences, des actions concrètes, des valeurs, de l’authenticité, de l’humour et du plan de développement. Pour conclure ces réflexions je reviens au point de départ de ma pratique : pour changer les résultats il faut changer les relations. Et quel est le point de départ d’une équipe ? la mission commune. Alors pour bien commencer l’année, que nous soyons chef de guerre, chef d’équipe, chef de projet ou chef de chefs, posons-nous cette question : dans quelle quête (du Graal) est-ce que j’embarque mon équipe ?